
Les Bourses naviguent à vue, entre politique monétaire et tensions commerciales

Les Bourses mondiales ont les yeux rivés jeudi sur les politiques des banques centrales, dont la BCE qui a baissé ses taux face aux tensions commerciales qui bousculent l'économie mondiale depuis le retour de Trump.
La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux jeudi pour la sixième fois d'affilée, espérant contrer l'effet des tensions commerciales exacerbées avec les États-Unis qui menacent la croissance en zone euro.
Cette septième baisse depuis juin 2024, qui fait passer le taux principal à 2,25%, accompagne un processus de désinflation "en bonne voie". Mais les perspectives de croissance en zone euro "se sont détériorées" du fait de l'intensification des tensions commerciales, a déclaré l'institution de Francfort dans un communiqué.
La décision de l'institution "traduit une inclinaison à la prudence", explique Madison Faller, de J.P. Morgan Private Bank.
En Europe, après cette annonce, vers 13H30 GMT, la Bourse de Paris perdait 0,68%, Francfort 0,47%, Londres 0,50% et Milan 0,54%.
Outre-Atlantique, la politique monétaire est également un point d'attention majeure des marchés. Donald Trump s'en est pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qu'il a jugé "trop lent" à baisser les taux d'intérêt de l'institution.
Le dirigeant aurait "dû baisser les taux d'intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE", a estimé le président américain, en encourageant M. Powell à "le faire maintenant".
"Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine", a encore écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social, alors que le second mandat du dirigeant doit s'achever en mai 2026.
A Wall Street, les indices étaient dispersés dans les premiers échanges: vers 13H30 GMT, le S&P 500 prenait 0,39%, le Nasdaq 0,45%, tandis que le Dow Jones cédait 1,29%.
Les marchés américains avaient dévissé mercredi, après que Jerome Powell avait justement estimé que les droits de douane imposés contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis allaient "très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l'inflation", compliquant une baisse des taux.
Une baisse des taux, positive pour la croissance, peut en effet provoquer une accélération de l'inflation.
"En d'autres termes, M. Powell a déclaré que l'inflation était sa priorité et que la meilleure chose à faire était d'attendre avant de réduire les taux", commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Côté négociations commerciales, les grandes économies exportatrices d'Asie comme le Vietnam, le Japon ou Taïwan se pressent à Washington pour négocier un compromis sur les surtaxes douanières américaines, tirant profit du sursis partiel de 90 jours qui leur est accordé.
Siemens Energy brille
Siemens Energy (+12,65% à Francfort vers 13H20 GMT), a relevé ses prévisions annuelles, après avoir fait état d’un solide deuxième trimestre de son exercice décalé, dans un communiqué de résultats préliminaires publié mercredi.
Pour 2025, le groupe table désormais sur un bénéfice net pouvant atteindre un milliard d'euros. Siemens Gamesa, sa filiale en difficulté depuis de nombreuses années, a augmenté son chiffre d'affaires au cours du deuxième trimestre et a réduit sa perte nette.
L'or toujours plus haut, le dollar remonte
L'or, valeur refuge face aux incertitudes, continue sa course aux records. Le métal précieux s'est hissé à un nouveau sommet historique jeudi, à plus de 3.357 dollars l'once. Il évoluait vers 13H20 GMT à 3.327 dollars l'once.
Côté marché des changes, le billet vert prenait 0,30% face à la monnaie unique vers 13H20 GMT, à 1,1356 dollar pour un euro, après la baisse des taux de la BCE qui a pour conséquence une baisse de rémunération des actifs libellés dans la monnaie européenne.
Toutefois, le dollar recule toujours sur un mois, perdant près de 4,50%, sur fond d'inquiétudes de investisseurs sur l'économie américaine et la politique erratique de Donald Trump.
Sur le marché de la dette, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans se stabilisait autour des 4,30%, désormais loin de sa flambée à près de 4,60% la semaine passée.
Le pétrole grimpe
Les cours de l'or noir grimpent jeudi après que les Etats-Unis ont annoncé mercredi des sanctions contre une nouvelle raffinerie indépendante en Chine, accusée de transformer illégalement du pétrole iranien.
Vers 13H20 GMT, le Brent de la mer du Nord prenait 1,51% à 66,85 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI gagnait 1,72% à 63,55 dollars le baril.
N.Hong--SG