
Pour la recherche en ligne et l'IA, les Etats-Unis réclament le démantèlement de Google

Google était de retour au tribunal lundi, dans le cadre d'auditions majeures pour déterminer si le géant technologique, jugé coupable d'abus de position dominante, doit se séparer de son navigateur Chrome, alors que la course à l'intelligence artificielle (IA) menace de chambouler la recherche en ligne
"Aujourd'hui s'ouvre le dernier chapitre de ce procès historique", a déclaré lundi Gail Slater, responsable du département antitrust du ministère américain de la Justice.
"C'est l'avenir de l'internet qui est en jeu", a-t-elle ajouté dans ses remarques préliminaires.
"Allons-nous donner des choix aux Américains et permettre à l'innovation et à la concurrence de prospérer en ligne ? Ou allons-nous maintenir le statu quo qui favorise les monopoles des grandes entreprises technologiques ?"
Le groupe californien a été jugé coupable l'été dernier de pratiques illégales pour établir et maintenir son monopole dans la recherche en ligne par Amit Mehta.
Ce juge fédéral de Washington interroge à nouveau les deux parties avant de se prononcer sur la peine imposée à l'entreprise.
Ce dossier est distinct de celui dans lequel la juge fédérale de Virginie Leonie Brinkema a rendu jeudi une décision, concluant que Google était en situation de monopole dans le domaine de la publicité en ligne.
Les autorités antitrust américaines veulent que Google se sépare de Chrome, le navigateur internet le plus utilisé au monde, parce qu'il constitue un point d'accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents.
Elles demandent également au juge d'interdire à la firme de signer des accords avec Apple, Samsung et d'autres fabricants de smartphones pour installer par défaut Google sur leurs appareils.
Des exigences que l'entreprise a qualifiées de "radicales" en novembre dernier.
"L'approche du ministère de la Justice entraînerait un excès de pouvoir sans précédent de la part du gouvernement qui nuirait aux consommateurs, aux développeurs et aux petites entreprises américaines – et mettrait en péril le leadership économique et technologique mondial de l'Amérique", avait affirmé Kent Walker, président des affaires mondiales de Google.
- Risque de monopole dans l'IA -
Pour Gail Slater, nommée au ministère de la Justice par Donald Trump, un démantèlement est nécessaire pour favoriser l'innovation à l'heure où la concurrence fait rage dans l'IA générative.
L'avènement des interfaces telles que ChatGPT (OpenAI) et Gemini (Google) représente la plus grande menace à la domination de Google dans la recherche en ligne depuis sa création, car les chatbots sont désormais capables de répondre à toutes sortes de questions des utilisateurs, y compris celles qu'ils auraient jusqu'à présent posées au leader d'internet.
Le groupe de Mountain View (Silicon Valley) intègre de plus en plus l'IA générative pour répondre directement aux internautes dans Google.
Le parquet américain veut empêcher la firme de transformer son monopole actuel en un autre monopole, alors qu'OpenAI et d'autres start-up, telles que Perplexity AI essaient de rivaliser dans la recherche en ligne boostée à l'IA.
Si Donald Trump a volontairement marqué une rupture politique nette avec Joe Biden, son gouvernement a repris, dans ce dossier, les demandes déjà formulées par l'administration précédente en fin d'année dernière.
"L'administration Trump a donné la priorité aux politiques qui soutiennent et font progresser l'intelligence artificielle", a assuré Gail Slater.
"Mais rien ne fera progresser l'intelligence artificielle plus rapidement qu'un marché ouvert et concurrentiel, exempt de gardiens et de monopoles".
Les patrons des grandes entreprises technologiques courtisent Donald Trump depuis sa victoire en novembre, espérant s'attirer ses faveurs notamment dans le cadre des nombreuses enquêtes et procès antitrust en cours.
Mais Mark Zuckerberg n'a pas réussi à éviter le procès de son groupe Meta qui s'est ouvert la semaine dernière.
Et les autorités américaines de la concurrence semblent décider à en découdre. Gail Slate a comparé le monopole "écrasant" de Google à celui de Standard Oil dans le pétrole et d'AT&T dans les télécommunications au XXè siècle.
Quelle que soit la décision du juge Mehta, Google devrait faire appel de cette décision, ce qui prolongera le processus pendant des des années. L'affaire pourrait même remonter jusqu'à la Cour suprême.
W.Sim--SG